19/09/2017

C'était bien Facebook, quand même…

J'ai mis 4 ans à aller sur Facebook : futilité, flicage, inutilité…
Finalement, en 2008, j'étais au Mali et j'avais pour la première fois installé un accès Internet chez moi. Certains de mes proches en France et ailleurs étaient sur FB, je suis allé voir et j'ai craqué.

On va pas chier dans la colle : pendant ces neuf ans, je m'y suis bien amusé et j'y ai bien bossé.
Trop même, si je compte les heures…

La famille et les "vrais" amis, (et les "ex" !), les amis "long gone" et retrouvés, d'abord : depuis FB, pratiquement plus d'emails entre nous, et je peux suivre ce qu'ils font tous au jour le jour. Dispersés comme nous le sommes, c'est un grand bonheur, cette proximité par delà océans, montagnes et déserts… Certains publient beaucoup, d'autres moins, et c'est à chaque fois un plaisir, un souvenir ému, un sourire, une pensée empathique, qui donne à la journée qui commence la "nota" qui lui donne le ton…

Il y a aussi l'aspect "com" professionnel : sans FB, mes activités photographiques au Mali n'auraient pas connu une telle notoriété : pas loin de 5000 personnes "aiment" notre page "Bamako Samedi Photo", 700 notre page "BoloNo", 1400 notre page "Le Bafing"

Il y a aussi les infos, mais avec plusieurs bémols emboités façon poupée russe : 90% de sujets d'indignation, c'est usant, et les pétitions en ligne ne suffisent pas à évacuer le sentiment d'impuissance, tant leur utilité est discutable. Ensuite la "personnalisation" imposée par FB finit par éliminer de nos murs tout inattendu. Mais tout de même, on échappe au JT, ce qui est déjà énorme, comme avantage !

Je n'oublie pas tous mes 🇲🇱️ amis maliens 🇲🇱️, les photographes et les activistes politiques, avec qui je reste en contact pendant mes vacances en France, pour continuer à agir avec eux à distance : 
Daou B. Emmanuel,  Aly Barro, Hama Goro,  Mamadou Ben Moussa Coulibaly,   
John Kalapo,Tunbutu Woye, et tant d'autres…

Les cerises sur le gâteau, ce sont les petits cercles d'amis autour de sujets divers et variés : politique, écologie, musique, arts, littérature, sciences, etc. De parfaits inconnus finissent par devenir si intimes qu'on les confondrait aisément avec des amitiés "live", avec lesquels on correspond avec une liberté de ton qui réchauffe le cœur et stimule l’esprit.

Et parmi ceux-là, une mention spéciale pour ceux avec lesquels on partage ce bien précieux (que dis-je - vital !) : l'humour. J'en profite pour remercier ici les membres de ma bulle de rire personnelle, sans lesquels ma journée serait bien grise ! Ils sont classés sous la rubrique "Érdudigolos".

And the winners are : 🎶Ta-daaa🎶

🎶Cali Méro-Gula, 🎶Marc Tallec, 🎶Tranquille Lechat,  
🎶Edwige Decoux Biographe Privé, 🎶Sof Lacrocuta, 🎶Hélène Calvez,  🎶Jobu Joba, 🎶Sebastien Redon Levigne,  Jean-Michel Truong,  Martial Couderette,
et j'en oublille !!!

Que les oubliés se manifestent, je jure sur le saint annuaire des Télécoms de les ajouter ici.


Encore merci à tous !







18/09/2017

Pourquoi ce blog ?

Quand j'ai pour la première fois connecté mon ordi (c'était un Mac Performa 6400) à l'internet en 1996, j'étais submergé d'enthousiasme : tout devenait possible. Nous allions connaître un monde nouveau, fait de savoir partagé, de communication  planétaire, de démocratie directe. Le numérique allait préserver les forêts par économie de papier, simplifier les démarches, faciliter mon travail de photographe, que sais-je encore…

Vingt et un ans plus tard, le bilan est amer : le savoir qu'on partage est noyé dans un flot d'absurdités, la communication dans un flot de propagande, la démocratie est combattue.
L'internet aggrave les problèmes écologiques en consommant 20% de l'énergie, et ce chiffre croît sans cesse avec le volume de données stockées, les institutions, banques et autres se sont défaussées de leur travail en nous faisant faire le boulot à leur place, et le numérique a augmenté la charge de travail des photographes.

Des multinationales du numérique ne cachent même pas leurs ambitions hégémoniques : elles visent la main-mise sur la totalité de ce qui se vend et s'achète, le contrôle sur nos choix et opinions par la "personnalisation" de nos univers virtuels, bref l'instauration d'une forme de dictature soft où nous sommes à la fois le fournisseur consentant de données et le produit qu'elles se revendent entre elles.
La solidarité et les échanges sont monétarisés par des acteurs qui s'immiscent moyennant finances entre le prestataire et le destinataire de services autrefois gratuits, comme le covoiturage ou la vente entre particuliers.

Facebook en est un exemple effarant. Au lieu de rapprocher les individus, il les isole dans une toile d'araignée tissée de leurs propres choix précédents, les maintient dans le connu facile à digérer et les protège de l'inconnu, donc du risque de contradiction. Et en même temps, il collecte les données que ses utilisateurs lui fournissent bénévolement et les monnayent auprès de ceux qui les utilisent pour mieux manipuler les individus dans ce qu'ils achètent, votent, font et pensent.

Ça paraîtra sans doute dérisoire, mais j'ai choisi de résister. Pour l'instant, je reste sur Facebook où j'ai constitué un réseau d'amis, mais je ne veux plus rien donner à Facebook. Désormais je l'utiliserai pour ce pour quoi il prétend avoir été créé : échanger avec des amis lointains, plaisanter, prendre des nouvelles. Je n'encombrerai plus les serveurs de mes photos ou vidéos : j'ai demandé à Facebook une sauvegarde de mon ancien profil, et elle fait 3 Go ! Tout ça pour des images que peut-être 100 personnes ont vues une seule fois ! Je n'utiliserai plus que des images déjà présentes sur le web.

Par ailleurs, le débat d'idées sur FB est pauvre, voire inexistant : les sujets disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus, et FB isole désormais si bien les individus que même les trolls ont quasiment disparu du paysage. La dictature de l'actualité quotidienne, commentée à chaud, n'arrange pas les choses : on a tellement le nez dans le guidon qu'on ne peut plus prendre un minimum de hauteur.

Le blog me parait plus adapté à une réflexion en profondeur : on peut facilement les suivre, y retourner, réfléchir, argumenter. Et ici mes données m'appartiennent.

Merci d'avoir pris le temps de me lire, et merci aussi de commenter ici plutôt que sur Facebook !