18/09/2017

Pourquoi ce blog ?

Quand j'ai pour la première fois connecté mon ordi (c'était un Mac Performa 6400) à l'internet en 1996, j'étais submergé d'enthousiasme : tout devenait possible. Nous allions connaître un monde nouveau, fait de savoir partagé, de communication  planétaire, de démocratie directe. Le numérique allait préserver les forêts par économie de papier, simplifier les démarches, faciliter mon travail de photographe, que sais-je encore…

Vingt et un ans plus tard, le bilan est amer : le savoir qu'on partage est noyé dans un flot d'absurdités, la communication dans un flot de propagande, la démocratie est combattue.
L'internet aggrave les problèmes écologiques en consommant 20% de l'énergie, et ce chiffre croît sans cesse avec le volume de données stockées, les institutions, banques et autres se sont défaussées de leur travail en nous faisant faire le boulot à leur place, et le numérique a augmenté la charge de travail des photographes.

Des multinationales du numérique ne cachent même pas leurs ambitions hégémoniques : elles visent la main-mise sur la totalité de ce qui se vend et s'achète, le contrôle sur nos choix et opinions par la "personnalisation" de nos univers virtuels, bref l'instauration d'une forme de dictature soft où nous sommes à la fois le fournisseur consentant de données et le produit qu'elles se revendent entre elles.
La solidarité et les échanges sont monétarisés par des acteurs qui s'immiscent moyennant finances entre le prestataire et le destinataire de services autrefois gratuits, comme le covoiturage ou la vente entre particuliers.

Facebook en est un exemple effarant. Au lieu de rapprocher les individus, il les isole dans une toile d'araignée tissée de leurs propres choix précédents, les maintient dans le connu facile à digérer et les protège de l'inconnu, donc du risque de contradiction. Et en même temps, il collecte les données que ses utilisateurs lui fournissent bénévolement et les monnayent auprès de ceux qui les utilisent pour mieux manipuler les individus dans ce qu'ils achètent, votent, font et pensent.

Ça paraîtra sans doute dérisoire, mais j'ai choisi de résister. Pour l'instant, je reste sur Facebook où j'ai constitué un réseau d'amis, mais je ne veux plus rien donner à Facebook. Désormais je l'utiliserai pour ce pour quoi il prétend avoir été créé : échanger avec des amis lointains, plaisanter, prendre des nouvelles. Je n'encombrerai plus les serveurs de mes photos ou vidéos : j'ai demandé à Facebook une sauvegarde de mon ancien profil, et elle fait 3 Go ! Tout ça pour des images que peut-être 100 personnes ont vues une seule fois ! Je n'utiliserai plus que des images déjà présentes sur le web.

Par ailleurs, le débat d'idées sur FB est pauvre, voire inexistant : les sujets disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus, et FB isole désormais si bien les individus que même les trolls ont quasiment disparu du paysage. La dictature de l'actualité quotidienne, commentée à chaud, n'arrange pas les choses : on a tellement le nez dans le guidon qu'on ne peut plus prendre un minimum de hauteur.

Le blog me parait plus adapté à une réflexion en profondeur : on peut facilement les suivre, y retourner, réfléchir, argumenter. Et ici mes données m'appartiennent.

Merci d'avoir pris le temps de me lire, et merci aussi de commenter ici plutôt que sur Facebook !

4 commentaires:

  1. Merci Patrick pour ton blog, on partage tes idées! Depuis quelque temps j'exercise la même résistance, après avoir fait la même constatation: presque tout ce que je lisais sur FB n'était que des morceaux d'une salade quasi incompréhensible et fragmentaire, avec un pseudo-sentiment de rapprocher de mes amis. Oui, j'aime suivre le quotidien de certains de mes amis lointains mais en même temps j'ai ce fort sentiment d'isolement comme tu le dit, parce que c'est FB qui gère ce qui saute dans mes yeux sur ce forum... Enfin, j'ai envie de mieux passer mon temps et aussi mieux contrôler ce qui m'appartient - félicitations pour le blog, j'adhère!

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    1. Merci Ousmane, si nous devenons nombreux à agir dans ce sens, nous pourrons faire pencher la balance de notre côté.

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    2. Pas de quoi mais c'est pas Ousmane.. :)

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    3. Ah pardon, j'ai cru ça parce qu'un ami Facebook m'avait dit qu'il avait laissé un commentaire ici.

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